Écologie du livre : de quoi parlons-nous ?

Article introductif de Mathilde Charrier, Association pour l’écologie du livre

Mathilde Charrier © DR

* Conscients d’avoir besoin d’une vision systémique et radicale pour bien penser les enjeux de l’écologie du livre, nous avons emprunté à Félix Guattari ses trois écologies pour poser nos analyses autour des aspects matériel, social et symbolique des mondes du livre et de la lecture. Félix Guatarri développe dans son petit livre sorti en 1989 aux éditions Galilée, Les Trois écologies, une écosophie qui englobe tout à la fois l’écologie environnementale, sociale et mentale.

L’écologie du livre – tout le monde semble avoir un avis sur la question sans vraiment savoir ce que cela recouvre exactement. Et, en effet, le livre n’est-il pas l’objet le plus écologique qui soit, puisqu’il est fait de papier ? Pourquoi alors questionner son écologie puisque, fait de bois, il est forcément naturel ? Mais le naturel peut vite devenir artificiel dès lors qu’il devient un objet commercialisable à souhait.
Le livre, comme d’autres «  industries culturelles  », n’échappe pas au rouleau compresseur capitaliste, au risque d’en faire un produit comme les autres... Alors, pour penser sa viabilité, il semble important de questionner tous les aspects de ses écologies* et d’une approche systémique, afin de revenir aux racines des problèmes pour tenter d’en enrayer les effets.

Via l’écologie matérielle, il s’agit de considérer le livre comme un objet manufacturé et de s’interroger sur la soutenabilité de chaque production, en se questionnant sur la provenance de ses matières premières, ses lieux de production, ses trajets d’acheminement...

Via l’écologie sociale, on prend en compte l’ensemble des personnes qui composent l’écosystème des mondes du livre et de la lecture ; on se soucie de leurs relations et de leurs interdépendances, indissociables de la création 
même d’un livre.

Enfin, via l’écologie symbolique, on souligne  que si le livre est un objet marchand, il n’est in fine pas un produit comme les autres  : il véhicule des idées, des savoirs, des imaginaires. En réfléchissant à son accessibilité et son contenu, on rend compte de la diversité des voix et on fait ainsi preuve de bibliodiversité.