
La peinture française en Allemagne, 1815-1870
Auteur(s)
France Nerlich Editeur(s)
Maison des sciences de l'homme Collection
Passages = Passagen
ISBN
2-7351-1252-7
978-2-7351-1252-4
EANS
9782735112524
Date
Collation
548p. ; 17 x 24 cm ; épaisseur : 3.6 cm ; reliure : Broché
L'art français était-il visible en Allemagne au XIXe siècle ? Les historiens
d'art se sont longtemps focalisés sur le fait que «les Allemands»
avaient été parmi les premiers à collectionner et à acheter pour les
musées des peintres impressionnistes français, mais ils ont négligé de
s'intéresser de plus près à la première moitié du siècle. À tort. Car la
peinture française contemporaine était alors non seulement visible
outre-Rhin, mais elle y a aussi fait l'objet d'une attention passionnée
au moment même où l'histoire de l'art, en tant que discipline scientifique,
prenait son essor.
C'est à ce chantier inédit que France Nerlich s'est attaquée, reconstituant
à partir de sources et d'archives allemandes et françaises les conditions
précises de circulation et de visibilité des oeuvres françaises dans
les territoires germaniques, en particulier à Berlin, Munich et Leipzig,
afin de mettre en lumière le rôle qu'elles ont pu y jouer dans l'histoire
des collections, des musées, du marché de l'art, de la critique et de
l'histoire de l'art. Loin de vouloir célébrer le triomphe de la peinture
française en Allemagne, l'auteur en analyse l'impact véritable et fait
renaître sous nos yeux l'intensité des échanges intellectuels et artistiques
entre la France et l'Allemagne au XIXe siècle. Les enjeux idéologiques,
économiques et artistiques de cette mobilité transnationale
ainsi que les résistances auxquelles elle se heurte sont retracés pour
montrer l'origine des fantasmes qui transforment l'art français tour à
tour en source d'émulation et d'angoisse, d'enthousiasme et de rejet,
arme contre l'establishment ou menace pour l'identité artistique allemande.
Ce faisant l'auteur fait apparaître un «autre XIXe siècle» que celui
généralement présenté dans les manuels, en évoquant le rôle crucial joué
par des artistes comme Paul Delaroche, Horace Vernet, Ary Scheffer ou
François Auguste Biard. C'est en prenant au sérieux l'intérêt manifesté
à leur égard par des auteurs aussi différents qu'Heinrich Heine,
Athanase Raczynski ou Anton Springer, mais aussi en soulignant le
rôle des marchands d'art dans leur diffusion et les stratégies expérimentées
par les artistes, que France Nerlich nous montre que cette
histoire - oubliée - participe elle aussi de la naissance de la modernité.