ARFEL TATIANA

arfeltatiana [at] yahoo.fr
34000 Montpellier
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Littérature
Animations(s)
Rencontres
Lecture
Biographie :
Tatiana Arfel est née en 1979 à Paris. Elle est diplômée en psychologie clinique et lettres, arts, pensées contemporains. Elle anime des ateliers d’écriture, en français ou en anglais, principalement auprès de publics dits en difficultés. Elle est présidente de la Boutique d’écriture à Montpellier, qui porte l’écriture dans les milieux populaires. Ses romans et nouvelles, parus notamment chez José Corti, explorent, par un travail sur la langue, l’adaptation de chacun à notre monde – être conforme ou pas, au travers de marginaux, d’employés d’une grande entreprise, ou d’un mystérieux normopathe. Son premier roman a obtenu huit prix littéraires et est paru en poche. L’ensemble de ses publications a bénéficié d’une bonne presse – Le Monde, Télérama, Libération, Le Matricule des Anges... Tatiana Arfel a été régulièrement soutenue par les bourses de création ou de résidence du Centre National du Livre et a reçu une bourse d’écriture de la région Languedoc-Roussillon. Elle a participé à des résidences en hôpital psychiatrique (trois mois à Bron, Les inconfiants), en service handicap (2 800 minutes) et à une résidence de territoire CLEA (cinq mois dans le Nord). Elle fait partie du collectif franco-allemand Écrire le travail : résidences en Picardie, à Dortmund, à la Ferme des Lettres... (Woher Weht der Wind, nouvelles du travail). Elle travaille actuellement l’écriture sonore : monologue théâtral pour une comédienne, avec inserts radio, ou podcasts avec les publics fragiles qu’elle accompagne (valorisation de la parole et de l’écrit de ceux qu’on n’entend pas).
crédit photo : Alex Le Guier
Bibliographie non exhaustive :
La ronde des poupées, éd. Fugue, 2024 (roman). Take me out, monologue à voix multiples, théâtre/radio en cours d’adaptation, 2023. Nos corps-patrimoines, inventaire sensible, éd. Fenêtres/Regards sur le Clermontais, 2021. Woher Weht der Wind, nouvelles du travail, éd. Ventura Verlag, 2020 (nouvelle). 2 800 minutes, éd. ActuSF, 2017 (nouvelle). Les inconfiants, éd. Le Bec en l’air, 2015 (portraits fictifs). La deuxième vie d’Aurélien Moreau, éd. José Corti, domaine français, 2013 (roman). Des clous, éd. José Corti, domaine français, 2011 (roman). L’attente du soir, éd. José Corti, collection Merveilleux, 2009 (roman).
Extrait :
Toute ma vie attendre. Attendre d’être plus grande. Attendre un début de poitrine, mon premier soutien-gorge. Des poils. Mes règles. Attendre mes règles chaque mois pendant au moins trente ans.
La moindre maladie, une perte de poids et pfuiiiit, disparues. Des tests de grossesse même sous pilule. Parfois elle marche pas, parfois elle suffit pas. Peur au ventre, au ventre qui attend. Je me suis fait poser un stérilet.
Attendre que le mec mignon du collège, du lycée, de la fac, me voie. Attendre un homme qui me sauverait. Take me out. Je suis la Belle au Bois Dormant, j’attends un baiser pour m’éveiller. Les Beaux au Bois Dormant, y’en a pas.
Attendre le sexe. La première fois. Quand est-ce que ça arrivera ? Est-ce que ça fera mal ? Attendre toutes les fois suivantes. Attendre du sexe qui serait partagé, où on chercherait à faire ça ensemble.
Quand un homme apparaît enfin, attendre quotidiennement. Attendre qu’il revienne. Du bar, du travail, de ses états d’âme divers et besoins d’air variés. Il est parti acheter des cigarettes. Il est encore en retard, il part à l’heure à laquelle il doit arriver, attendre ses pas dans l’escalier.
Attendre qu’il réponde à une question, un sms, un mail – un courrier recommandé. Attendre sa décision pour les prochaines vacances, car l’homme craint par-dessus tout sa capture comme s’il était biche aux abois. Comme si je n’avais pas moi-même besoin de temps seule de silence et de liberté, comme si mon but ultime était de le coincer en famille avec un chien ridicule et un prêt immobilier.
Attends, ma fille, qu’il rentre, car ils rentrent presque tous, même Ulysse après vingt ans est rentré.
Femme de marin, de militaire, d’humanitaire ou de VRP. L’homme appartient à l’espace public, où il s’amuse. La femme est assignée à l’espace privé. Quand Pandore a ouvert la boîte, tous les maux se sont envolés, éparpillés aux grands vents grecs. Un seul mal est resté avec elle au foyer. L’attente.
Attendre qu’on me remarque, qu’on vienne me chercher. Attendre un chasseur de talents, un mec qui me découvre dans la rue. Quel talent, c’est à déterminer. Il dira je vous ai cherchée toute ma vie. Vous êtes exactement celle qu’il me faut. Vous allez cartonner. Vous n’aurez qu’à...
Personne ne viendra.
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