RUBIO SERGE

Biographie : Né en 1954 dans l’Hérault, à Baillargues, j’enseigne la chimie, d’une part dans une cours privé d’enseignement supérieur, d’autre part auprès d’adultes dans le cadre de la formation professionnelle dans le but de leur donner une deuxième chance dans la vie. Depuis plus de 20 ans, je vis mes étés, dans le nord de la Lozère, à Martinac, minuscule hameau perdu en Margeride, au pied du Roc de Fenestres. En 2003, j’ai ressenti le besoin d’exprimer tout ce que m’apportait cette Lozère rurale, austère au premier regard, mais peuplée de gens généreux. Je venais par ailleurs d’effectuer un voyage au Vietnam. Ce pays m’a marqué : malgré les incessantes guerres aux cicatrices encore visibles, malgré les souffrances, il reste le pays du sourire. Voilà pourquoi j’ai associé dans "Les saisons" (écrit sous le pseudonyme d’Antoine Alcoléa) "ma" Margeride et "mon" Vietnam. Je n’avais pas l’intention de publier cet ouvrage, jusqu’au jour où Baptiste et Marie, à l’époque les deux seuls habitants à l’année de Martinac, sont partis tutoyer les étoiles. Ce roman leur est dédié. J’ai attribué à Guilhem, le narrateur, fil conducteur de l’histoire, mes origines. Comme moi il est né et il vit du côté de Montpellier ; comme moi il est guidé dans ses choix de vie par ses origines modestes et comme moi il est français car ses aïeux ont fui la misère de leur village espagnol vers 1920. J’adore découvrir le Monde. Trois de mes voyages m’ont conduit en Afrique Australe (Botswana, Namibie, Zambie), sans guide, piste et hors piste. Je me souviens de sacs bien pauvres en affaires personnelles car pleins de matériels scolaires pour des écoles reculées. J’ai voulu, dans mon deuxième roman, permettre au lecteur de découvrir ou redécouvrir, depuis 1900 et la colonisation allemande pour les uns, anglaise pour les autres, le devenir de deux ethnies, les Hereros et les Bushmen (ou Sans) ainsi que les luttes pour conserver leur mode de vie. Bibliographie non exhaustive : D’Acadie en Louisiane. Deux siècle de résistance, éd. du Cygne, 2020 (roman). Sang Reial, fils de Camargue, éd. du Cygne, 2019 (roman). Le village des hommes-femmes, éd. du Cygne, 2018 (roman). Faubourg Saint-Dominique, Montpellier, éd. du Cygne, 2016 (roman). La statuette de Haute Lozère, éd. du Cygne, 2016 (roman). Montlobre : enfances dérobées, éd. du Cygne, 2015 (roman). Du Havre à Montpellier par l’Amérique Latine, éd. du Cygne, 2014 (roman). Fille de l’Okavango : de Namibie au Bostwana, peuples herero et bushman, éd. du Cygne, 2013 (roman). Chimie organique et isomérie : QCM, exercices, problèmes corrigés, éd. Ellipses, 2008 (manuel). Chimie organique eti isomérie. : Rappels de cours, réponses aux questions des étudiants, auto-évaluation des connaissances, éd. Ellipses, 2003 (manuel). Extrait : Pas à pas, l’instinct de survie, animal, s’insinua, progressa, sortit vainqueur d’une âpre lutte contre les démons, finit par éloigner la panique des jours précédents. L’idée avait germé, grandi. Elle l’envahissait, inondant les méandres de son esprit. Le souvenir de paroles entendues lui revenait en mémoire, ne le quittait plus, virait à l’obsession : là-bas, plus à l’Est, une puissante rivière nommée Okavango ne se jetait pas, comme toutes les autres, dans la mer mais formait un immense delta dont les tentacules fouillaient l’aridité du Kalahari. Là-bas, lui avait-on dit, personne n’avait à suivre l’éléphant, plus grand, gris, différent de celui, couleur poussière, qu’il épiait depuis des jours. Là-bas, dans ce labyrinthe, l’eau abondait paraît-il. Il irait là-bas. Ici, la rivière ne formait en saison sèche qu’un lit pulvérulent bordé du vert de la double haie d’arbres permettant la différence d’avec le désert : le sable sinuait dans le sable, un enfer… … Elle s’était ouverte à l’instituteur de ses rêves fous : aller vers des études, vers une profession lui permettant de lutter pour la mémoire et l’honneur de son ancêtre, pour que chacun sache, pour éviter l’oubli. Contre toute attente, le maître d’école n’avait pas souri. Loin de se moquer, de la détourner d’un idéal qu’aucuns auraient qualifié d’inaccessible, la félicitant de la noblesse de son dessein, il l’encouragea. Jamais elle n’oublierait ses paroles … Malgré la pauvreté, malgré l’isolement de son village, elle n’imaginait aucun autre avenir. Soutenue par une famille la délestant pour ce faire de tâches ménagères, elle consacra ses journées aux études, plaçant toute son énergie au service de son entreprise, de ses rêves, de sa réussite. Et elle réussit.