
[epOcc] Radio Fabuleuses interroge le Nabab

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« Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue sur Radio fabuleuses !
Pour ceux qui écouteraient ma chronique pour la première fois, je suis Félicia Ruiz, un personnage féminin créé par Alphonse Daudet pour son roman Le Nabab. Nous accueillons aujourd’hui François Bravay, qui aurait inspiré le personnage principal de ce même roman. Mais vous êtes un peu un mystère… »
Sous la loupe de la bibliothécaire
Si les abondants lecteurs ont cru y reconnaître tel ou tel, Daudet a toujours assuré qu’il ne s’était inspiré que de François Bravay.
Après la faillite familiale, ce Gardois, parti à l’aventure, a rejoint l’Égypte où, après de nouveaux échecs, il a finalement fait fortune, se fait une heureuse réputation et rétablit l’honneur familial. Soucieux de son image, il désire les honneurs politiques, mais son ambition va lui coûter la vie. Attaqué par la justice, il sait flatter ses compatriotes en payant une somme vertigineuse pour restaurer un aqueduc romain et il reçoit également le vice-roi d’Égypte dans son château provençal. D’un naturel bon et généreux, il a le cœur tendre, et il est attaché à sa famille et à sa région, malgré son goût de l’aventure, son luxe et sa réussite.
Le Nabab ? La coqueluche de Paris, son nom est sur toutes les lèvres. Méprisable aux yeux des « vrais grands », il intrigue, fascine, attire avec ses millions. Après avoir fait fortune à Tunis dans des conditions obscures mais honnêtes, Bertrand Jansoulet fait son apparition à Paris. Avide de soutien et d’amitié, il distribue son argent. Pressuré de tous les côtés, sa naïveté, sa générosité et l’audace dont il fait preuve ont raison de sa fortune. Épuisé par une suite effrénée de succès et de revers, abandonné par ses « amis » – même son mariage est un échec -, il se retrouve seul, désespérément seul, renié et ruiné. De miséreux à parvenu, il reste toujours un paria ; il lui est encore plus difficile de se défendre contre la bonne fortune que contre la mauvaise. Cette histoire menée avec des coups de plumes châtiés et efficaces, se greffe à la vie de Paris, le Paris des plaisirs, débauches, intrigues, mensonges, misères aussi, le Paris qui a volé Bertrand à sa mère.
Jansoulet et Bravay, la fiction et le fait-divers, le personnage imaginaire et le protagoniste l’ayant inspiré : si l’Histoire traîne ce dernier aux gémonies, Daudet offre à son reflet romanesque comme une humanité retrouvée.
Marie-Agnès Bonnot, étudiante en Master à l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques, en stage à la Bibliothèque Carré d’Art, Nîmes