LES AUTEURS LAURÉATS D'UNE BOURSE DE CRÉATION EN 2025

En 2025, 6 autrices et auteurs d'Occitanie se sont vu attribuer une bourse de création littéraire, en soutien à leur projet en cours. Découvrez-les...

Ouvertes à tous les auteurs vivant en Occitanie et sous certaines conditions de publication, ces bourses révèlent de nouveaux talents et distinguent parfois des écrivains bien avant qu’ils n’acquièrent une reconnaissance publique. Elles consolident également des parcours de créateurs déjà reconnus afin de les accompagner dans l’avancement de leur œuvre et favorisent la traduction d’œuvres étrangères en français. Ces bourses sont destinées à soutenir des projets déjà structurés et en cours d’écriture.

 

Lauréats 2025

Pierre-Jean Bourgeat

© DR. 

Pierre-Jean Bourgeat n’a pas appris l’espagnol à l’école mais dans les rues ibériques à l’heure où la péninsule réinventait le punk et les luttes sociales ainsi que parmi les exilés.
Après avoir exercé divers métiers, il déambule de l’Espagne à l’Amérique centrale. Au gré des rencontres, il devient interprète puis instituteur dans un village mexicain reculé. Il entre en traduction comme le Petit Poucet, s’attaquant aux mots et images de Roque Dalton, poète salvadorien héros en son pays, révolutionnaire fusillé lors d’une purge stalinienne et méconnu sous nos latitudes.

Lorsqu’on s’intéresse à l’Histoire et aux histoires, qu’elles soient tues ou peu connues, on creuse du Sud-est mexicain à la Patagonie, des guérillas espagnoles aux révoltes asturiennes, de l’anarchiste Abel Paz au 68 mexicain, de la Brigade de la colère britannique aux libertaires en Pays basque, d’un roman surréaliste pyrénéen au flamenco de Camarón de la Isla. On laboure en littérature entre village imaginaire et déchiré dans les brumes et guide pour arnaqueurs madrilènes de la Belle époque. Et puis, retour au Chiapas par l’ouvrage fondamental de García de León : celui qui narre cinq siècles de désastres, de ravages, d’oracles, de trahisons mais aussi d’espoirs, de combats, de ruses, en un mot d’utopies dans une région livrée aux images mais dont on ne connaît guère les rivières souterraines jaillissant en une explosion nocturne imprévue.

Histoire, poésie ou musique, serrer le sens de près, chercher mots, nuances, sonorités, rythme, respecter le texte, avec toujours cette appréhension de trahir.

Si chaque traduction est source de recherches et d’apprentissages, elle est aussi rencontre, complicité intellectuelle et humaine. Certains de ces auteurs sont donc devenus des amis.

Sarah Feuilherade, correctrice

 

Hélène Ferrarini

© Ronan Lietar

Que ce soit à l'écrit, par ses articles journalistiques, ou bien la fiction, le scénario de bande dessinée, puis en radio et depuis quelques temps sous forme de films, Hélène Ferrarini a toujours eu à cœur de faire des allers-retours entre le présent et le passé, la grande et la petite histoire, de faire vibrer les petites voix au milieu du grand tumulte.

Pour avoir eu l'occasion de la suivre lors d'entretiens réalisés pour ses articles, j'ai pu apprécier la bienveillance qu'elle portait à chacun.es de ses interlocuteur.ices, sa qualité d'écoute et la manière dont elle arrivait à restituer au mieux des fragments de vie.

Dans ses écrits, Hélène s'attache souvent à des détails, infimes voire intimes, afin de donner toujours plus de place à la nuance et à la complexité des vies.

Dans son enquête publiée aux éditions Anacharsis en 2022,  Allons enfants de la Guyane. Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République, Hélène Ferrarini témoigne de cette page inconnue de l'histoire de la Guyane et de la République française, l'histoire de ses pensionnats catholiques, les "homes indiens ", dans lesquels des générations d'enfants amérindiens ont été placés de force avec le consentement de l'État .

Cette histoire, elle en a pris connaissance au détour d'une conversation partagée avec son ami, le juriste amérindien Alexis Tiouka, presque une anecdote. De cette évocation, et du poids que celle-ci semblait recouvrir, Hélène a su y déceler une grande faille car l'un de ses nombreux talents est de savoir lire entre les lignes.

À travers ses différentes publications, elle nous invite toujours à prendre le temps d'observer et d'écouter.

Damien Cuvillier, dessinateur de bandes dessinées

 

Soline Garry

© DR.

Soline dessine comme on ouvre une porte dans un mur qu’on croyait plein. Il y a du souffle dans ses traits, du silence dans ses couleurs, et des mondes entiers qui tiennent sur un coin de papier. On y croise des créatures douces, des émotions à plumes, des paysages intérieurs où l’on peut s’asseoir un moment.

Elle est un peu viking, un peu luciole. Elle avance entre les contrastes — entre l’ombre et le lumineux, la douceur et la force, le rêve et la matière. Son art ne cherche pas à expliquer, il invite. Il pose la question sans les mots, et chacun y trouve sa propre réponse, parfois en forme d’oiseau.

Sous la tendresse apparente se cache une énergie ancienne. Une sorte de gravité légère. Elle transforme l’invisible en images, les silences en formes. Il y a dans ses œuvres comme une mémoire du monde, ou d’un monde oublié, qu’elle rend visible l’air de rien.

Soline ne cherche pas à plaire. Elle cherche juste à être vraie. Et dans cette vérité-là, il y a une magie tranquille, un peu sauvage, toujours libre

Portrait très approximatif (mais sincère), écrit pour l’occasion à 14 mains (1 par personne) par :
Anam Gu Anam, Annabel Sablon, Anne de Guerdavid, Catherine Bonte Navarrot, Christophe Devillers, Clémentine Doran, Emilie Pezet, Florence Richard, Francis Grandvoinnet, Jean-Pierre Grezes, Lyne Charlier, Paloma Pradal, Stéphanie Ubeda & Vincent Caille
 

 

Agathe Moreau

© Franck Alix

Le trait. C’est ce qui me vient à l’esprit quand je pense au dessin d’Agathe ; c’est un trait qui va vite, s’arrondit, marque un temps d’arrêt, rebondit quelque part ailleurs. Le trait, chacun.e possède le sien. Celui d’Agathe accorde autant d'importance au vide qu’au plein, c’est l’absent qui invite à prolonger le présent, l’imagination de notre cerveau à reformuler un ensemble dans toute sa cohérence, et dans sa poésie. Quand elle raconte une histoire, le caché, l’évoqué et le suggéré lui permettent de donner de la place au vécu du lecteur, pour imaginer dans ces espaces libres le morceau de vie qui résonne, souvent avec douceur.

Olivier Lauret, compagnon de l'autrice
 

 

Miel Pagès

© DR

 

Quand j’ai rencontré Miel Pagès, elle égrenait sa poésie dans les bars et dans la rue, sous forme de stickers et de zines ; écrivait déjà le désir agrippé comme une ronce à sa septième lèvre ; sublimait déjà les histoires d’amours foireuses et les lendemains de fêtes riches en métaphores. Poétesse, performeuse, vidéaste – son cheval de bataille : rendre la poésie vivante, populaire, politique. Lire Miel Pagès c’est comme écouter Britney en lisant Lacan sous la douche avec un donuts dans la bouche ; c’est comme tremper ses larmes dans un verre de vin avant de nouer des orgasmes à ses cheveux.

Ses recueils – La Septième Lèvre et Les Sublimations – invitent le trivial à la table du poétique, faisant fit des convenances, des mot d’ordre, des injonctions lyriques. Le corps s’y déploie – qui est là et pourtant nous échappe, contenu et qui pourtant déborde, tantôt pleure et pourtant roucoule. L’inconscient métabolise l’anecdotique. Des fulgurances invitent au recueillement. Des prières jouissent. Parallèlement à l’écriture de recueil, elle développe un dialogue entre les mots et les images. Un horizon qui glitche, Pourquoi je veux tout brûler, De celle qui dorment avec leur livre, Poème pour disparaitre – voici quelques-uns des titres de ses vidéo-poèmes. Renfermant la notice d’une vie à fleur de peau, ses « objets-poétiques-non-identifiés » exhument les brisures et les éclats afin, non pas de glitcher / brûler / disparaitre, mais bien de poétiser, toujours, avec la force de l’évidence.

Al Baylac, auteur.ice
 

 

Marion Touboul

© Vanessa Madec

Une autrice inconnue, un sujet surprenant, un pas vers le lointain, il n’en fallait pas plus pour intriguer la lectrice à l’âme vagabonde que j’étais. 

Une autrice maintenant connue (de moi), un roman cosmopolite, une curiosité à satisfaire, ce fût suffisant pour la libraire que je suis devenue pour confirmer ce que j’avais pressenti dans Amours, voyage dans l’intimité des égyptiens : Marion Touboul est de ces écrivaines dont on devine le bouillonnement intérieur et la personnalité atypique. Second cœur en est l’écho. 

Le bonheur d’une surprise au coin de la ligne, l’étonnement d’une formulation, les lieux intérieurs instables sur lesquels elle pose sa plume, la simplicité et la profondeur des évocations, le décryptage d’un monde chamboulé, les descriptions précises enveloppées d’imaginaire et tant d’autres qualités qu’il est bon de retrouver dans un texte me poussent à faire découvrir Marion. Il est des auteurs que l’on voudrait tant voir émerger de la foule ! Et, lorsque nous nous sommes rencontrées à la librairie j’ai pris toute la dimension de son envergure : cette petite brune pétillante dégage une force et une sensibilité, une curiosité et un appétit de terrain, une décontraction sur le vif qui donne envie de dire « vas-y Marion, on est tous derrière toi ». Alors, savoir qu’elle est choisie pour une bourse de création littéraire en Occitanie est une vraie reconnaissance envers celle qui se laisse caresser par la nature tout autant qu’elle est bousculée par l’histoire qui se joue aujourd’hui.

Karine Depeyre, libraire à la librairie Le Kairn.

FAQ

Vous venez de terminer d’écrire un récit et vous estimez que c’est un manuscrit à transmettre. Vous souhaiteriez que votre texte soit lu mais vous êtes-vous posé la question de l’intérêt de ce texte ? 
Certains d’entre vous écrivent en effet pour surmonter un traumatisme, se délivrer d’une expérience difficile, que l’écriture permet de mettre à distance. Ce texte n’est peut-être destiné qu’à vous-même ou des pairs de confiance ; dans ce cas l’écriture a une visée cathartique qui ne concerne que l’auteur et son cercle complice. Le texte produit à cette occasion n’a peut-être pas une visée publique… Posez-vous donc la question des conséquences que pourrait avoir une publication voire une médiatisation de votre expérience. 
Second cas, vous entretenez une relation intime avec votre texte mais celui-ci nécessite peut-être un travail de reprise, relecture, réécriture : êtes-vous prêt à accepter ces regards extérieurs ? Nous vous conseillons pour cela de faire lire votre manuscrit au-delà de votre entourage à des professionnels du livre (bibliothécaires, libraires, organisateurs de manifestations littéraires, grands lecteurs…). Tout avis est bon à prendre car une fois publié votre ouvrage ne manquera pas de susciter des retours divers et variés… Suite à ces avis, n’hésitez pas à relire, réécrire et reprendre vos textes…

Une fois que vous estimez votre texte abouti, vous êtes prêt à entreprendre votre recherche d’éditeur. 
Utilisez l’annuaire des éditeurs d’Occitanie Livre & Lecture en ciblant avec attention le/s domaine/s éditoriaux qui correspondent à votre projet + lien. Avant tout contact nous vous recommandons de consulter le catalogue de la maison d’édition pour éviter tout envoi inutile et des déceptions. Il se peut qu’aucun éditeur en région ne corresponde à votre recherche, dans ce cas nous vous encourageons à rechercher directement en librairie le type d’éditeur dont vous rêvez.  Votre librairie pourra d’ailleurs être le complice de vos recherches. Ces visites en librairie pourront vous permettre de vous rendre compte de la qualité des ouvrages et de vous assurer de la bonne diffusion du catalogue ciblé.
Les éditeurs reçoivent énormément de manuscrits, attendez-vous à un temps de réponse étendu… Soyez patients !
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