HENNEGÉ JEAN

nicolas.gouzy [at] wanadoo.fr
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Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Sciences humaines
Livre jeunesse
Littérature
Culture régionale
Animations(s)
Rencontres
Lecture
Conférences
Biographie :
Je crois que rien ne me destinait à écrire. Je ne crois pas en un destin qui déterminerait a priori les inspirations, les talents, les goûts de chacun. Je suis persuadé, au contraire, que l’on devient ce que le monde vous invite à devenir. Je n’ai pas écrit "vous pousse" sciemment, car l’on ne devient pas sous la contrainte, on cesse d’être en subissant. Je dois à mes parents, instituteurs selon l’ancienne mode, mes facilités et mon goût pour le français. Je dois à mes professeurs d’histoire le sens du temps et plus encore à mon professeur de géologie le sentiment que rien ne dure, sauf le roc le plus dur, et encore… Je dois à mon métier un millier de rencontres, à mon épouse un millier de moments d’amour et à mes enfants mon envie d’un demain meilleur. Je dois à mes lecteurs un millier de questions. Je vous en livre une : un auteur peut-il être son propre biographe ? Et chaque fois qu’il écrit sur lui-même n’est-il pas le personnage d’une auto-fiction ? Aussi bien, si je vous disais que j’ai, bientôt, 45 ans, que je suis bibliothécaire de formation, administrateur culturel d’une association, diabétique, titulaire d’un permis B et que, jeune coopérant, je suis parti au Niger, qu’en feriez-vous ? Et maintenant que vous m’avez découvert, sagement posé auprès de mes pairs, désireux d’être reconnu surtout au travers de ce que j’écris, avez-vous plus envie de me lire ?
Bibliographie non exhaustive:
Sous le pseudonyme de Jean Hennegé :
Merci pour les fruits de mer, éd. Pascal Galodé, 2011 (policier). Guilhem : un enfant en pays cathare, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 2007 (album jeunesse). Marcus, un enfant en Provence romaine, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 1996, 2008 (album jeunesse). Jérémy : un enfant au Mont-Saint-Michel, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 1996 (album jeunesse). Cherchemonde : un enfant jongleur en terre cathare, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 1993 (album jeunesse).
Sous le patronyme de Nicolas Gouzy :
Le chevalier assis, éd. Privat, 2009 (roman). Cathares en Languedoc, dessins Philippe Jarbinet, photographies Guy Jungblut, éd. Empreinte, 2009 (beau livre). Les grandes batailles méridionales : mieux vaut mort que vif vaincu (1209-1271), codirection Laurent Albaret, éd. Privat, 2005 (document historique). Le pays cathare, photographies Gérard Sioen, éd. Equinoxe, 1995 (documentaire).
Extrait :
Merci pour les fruits de mer…
Il était l’heure d’aller chipoter dans un restaurant du quartier. J’optais pour un indien (ou un indonésien, je ne sais plus bien). Une formule découverte. Comme dans chaque restaurant, je tentais de me divertir en débusquant les fautes d’orthographe dans la carte. C’était une pure merveille, un poème, une ode au brassage des langues et des cultures. J’avais répertorié dans ma longue carrière de gourmand des perles surréalistes, métaphysiques, des expressions qui prolongeaient l’évocation d’un mets d’une série d’images lointaines, exotiques. J’avais tout d’abord tenté, dans mon jeune âge, de faire corriger ces dictées culinaires d’un air docte, en montrant au garçon, au chef de rang, à la serveuse ou au patron, que je savais écrire en français, moi. Puis l’orgueil de la démarche, la présomption grotesque à vouloir faire écrire en " bon français " ce qui relevait de la tradition culinaire familiale, et nécessairement vernaculaire, de tant de braves gens échoués à la ville et dans la restauration, au bout de périples que je ne connaissais pas, m’étaient apparues. J’avais mis dans le même sac les amphigouris des cartes prétentieuses des restaurants étoilés, les retours aux patois régionaux, forcément ratés, des bistrots authentiques et les inventions plastifiées des lieux branchés. Les menus, les cartes, les ardoises, les suggestions du chef, les sous-mains…tout cela fourmillait d’une invention langagière merveilleuse, quotidienne. Je passais souvent de longues minutes non pas à hésiter entre la truiete meniaire et le cervelà sauce romulus mais à rêver du destin d’une poissonne cochonne ou d’une charcuterie antique résolument d’ici et maintenant. Et quand le détail d’un plat prenait huit lignes sur une carte immense et immaculée, juste griffée des initiales d’un maître, j’étais tout aussi content de ce que ce poème tout droit sorti des Précieuses Ridicules avait à m’apprendre du mariage déroutant des mots et des goûts.