MENAHEM-LILIN CAROLE

carole.lilin [at] free.fr
34000 Montpellier
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Littérature
Animations(s)
Rencontres
Lecture
Biographie :
J’ai publié poèmes et nouvelles en revues (parmi les revues régionales, Etoiles d’encre, Souffles, La Main millénaire), ainsi que 2 livres d’artiste avec la plasticienne Marie-Lydie Joffre, et des recueils de nouvelles et de textes poétiques. "A fleurs de peau" est mon premier roman. Depuis 2004, j’anime des ateliers d’écriture, afin de partager ma passion du texte, de son élaboration, et par-dessus tout, la surprise de la création. Sur le blog Atelier d’écrits , qui fonctionne comme une petite revue, paraissent des textes d’écrivants. J’ai aussi animé des cafés littéraires, participé ou organisé des lectures publiques… Née en 1963 en région parisienne, je vis à Montpellier depuis une quinzaine d’années. Mariée, deux enfants. Après une foule de petits boulots qui m’ont permis de côtoyer toutes sortes de milieux, j’ai travaillé comme secrétaire, documentaliste, en bibliothèque… DUT Métiers du Livre, études de philosophie et documentation/communication (maitrise), puis DESS auteur multimédia. Ai surtout beaucoup lu, regardé, écouté, écrit, tout le temps et partout, sans songer durant longtemps à la publication. L’écriture est d’abord pour moi un mode d’être, qui vous garde en éveil.
Bibliographie non exhaustive :
Surfez avec Freud : l’Internet des psychanalystes, coauteur Laurent Le Vaguerèse, éd. Erès, 2015 (essai). A fleurs de peau, éd. Chèvre feuille étoilée, 2013 (roman). Passages, éd. Terriciaë, 2007 (nouvelles).
Extrait :
La première fois que je l’ai vue, qui d’en bas tournait son regard par ici, semblant fixer la maison et attendre, je ne fus pas étonnée. Même je me suis dis : c’est elle, elle est revenue. Je ne suis pas sensible d’ordinaire aux histoires de fantômes. Mais s’agissant de la petite, je peux tout croire.
Quel âge aurait-elle eu maintenant ? A peu près l’âge de cette jeune femme, vingt-six ou vingt-sept ans. Je sursaute en faisant ce calcul. Les fantômes n’ont pas d’âge mais la petite, elle, n’a pas cessé de vieillir – grandir, plutôt.
Je l’imagine souvent – non, je la vois. Je la vois quand je me regarde dans la glace, avec ces longs cheveux qui me mangent le visage. Je la vois dans la démarche empruntée que m’impose la douleur – comme dans l’allure déliée de cette jeune femme. Quelle fluidité est la sienne lorsqu’elle passe en bas sur le quai ! Et pourtant par instants elle est comme ramenée en arrière – un soudain retrait. La petite aussi aurait acquis de la grâce, avec le temps. Mais elle n’aurait pu effacer complètement cette peur, à fleur de peau : pétales froncés, froissés.
Je pense plus souvent à elle depuis que je suis revenue à Mauduit. C’est là qu’elle a vécu, là qu’elle nous a échappé. Depuis que la maladie me cloue dans cette maison, j’ai du temps pour penser. Penser pour rien, penser en rond. Avant, chaque pensée ébauchait une chorégraphie ; avant, presque tout dans ma vie tendait vers le mouvement de la création, c’est ce qui me donnait la force. Aujourd’hui les petites choses restent des choses médiocres.