LEHMAN EMMANUEL

lehman [at] free.fr
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Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Sciences humaines
Biographie :
Né en 1960, Emmanuel Lehman fut d’abord officier dans les Forces Spéciales. Instructeur commando, chuteur opérationnel, il est spécialisé dans le renseignement en territoire hostile. Quittant l’armée, il devient spécialiste en Intelligence Artificielle. Il participe à un projet de recherche européen et dirige une société de service et d’ingénierie en informatique. Depuis 2003, il gère une petite entreprise de services pour personnes âgées, qu’il a créée avec sa femme. Ils ont six enfants. Peu après la cinquantaine, il reçoit la foi comme une évidence lumineuse et bouleversante, ce qui l’amène à écrire pour en témoigner.
Bibliographie : La souffrance et le mal – Lettres à un ami athée, éd. Docteur Angélique, 2017 (essai).
Extrait :
Pour parler du Mal, nous devons d’abord comprendre qu’il n’existe que par rapport au Bien. Si le monde était absurde, tel qu’on peut se le figurer avec la théorie du grand architecte inconséquent ou l’absence de créateur, il n’y aurait aucune raison de considérer que quelque chose soit mal ou mauvais. Mal ou mauvais par rapport à quoi, puisque rien n’aurait de sens ?
Mais la vérité que chacun sent, c’est que le mal existe. Quand nous voyons un corps mutilé, meurtri, ou un humain torturé par un autre, cela nous bouleverse. Il faudrait pour ne pas ressentir cela être allé très loin dans l’endurcissement du cœur. C’est heureusement fort rare, de sorte que l’on peut sans crainte généraliser en affirmant que chacun ressent un déchirement et une révolte devant de telles horreurs.
Mais qu’y a-t-il d’horrible ? Est-ce que je ressens la même chose si un chien souffre ? Normalement oui, mais moins vivement. Et si c’est une sauterelle ? Oui encore, mais vraiment pas beaucoup. Une plante ? On peut à la rigueur s’émouvoir un peu sur un beau chêne, pas tellement sur un brin d’herbe. Et une pierre ? Si c’est un magnifique cristal, on pourra trouver dommage qu’il soit brisé. Si c’est un vulgaire caillou, non, je ne crois pas que quiconque puisse s’en émouvoir.
A l’évidence, le bouleversement que l’on ressent, le caractère scandaleux du mal, est d’autant plus grand que son objet est beau, bon, voire sacré dans le cas de l’homme. C’est donc l’échelle du bien qui définit celle du mal. Le mal n’est qu’une atteinte au bien, et ne peut par conséquent se définir que par rapport à lui, qui le précède nécessairement et le surpasse toujours.