YZAC ADELINE

yzac.adeline [at] gmail.com
968, avenue Xavier de Ricard
34000 Montpellier
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Poésie, théâtre
Livre jeunesse
Littérature
Culture régionale
Conte
Animations(s)
Rencontres
Lecture
Conférences
Biographie :
Je suis née dans un lieu-dit minuscule du bout du monde, dans un ourlet secret aussi reculé qu’une page froissée, à une enjambée de Lascaux, en ce lieu que l’on nomme "Le berceau de l’humanité". Pareil pays fait trace. J’ai vécu vingt ans parmi les "gens de peu" (Pierre Sansot), les gens de l’ordinaire, ceux qui façonnent de façon souterraine les paysages autant que l’histoire et les êtres, je suis d’un peuple de cultivateurs et de diseurs. Et puis, naquirent en ces terres les troubadours, Montaigne, La Boétie, Fénelon, Maine de Biran, Rachilde, Le Roy. Pareille verve fait signe. Je viens de loin. Comme la langue qui parle par ma bouche et me tombe des mains. J’ai gardé des chasseurs le goût pour le braconnage, le silence et l’affût ; et des écrivains la joie de l’étude immobile et assidue. J’aime me tenir à l’écart, arrêtée dans ma maison d’écriture, être veilleuse du monde et laisser venir les épices, les tragédies et les merveilles.
Les récits qui frappent à ma porte sont des voyageurs aux yeux de lumière, eux aussi viennent de loin, de forêts secrètes, d’estuaires remontés à rebrousse-marées, ils sont vêtus de leurs énigmes et de multiples odeurs, ils ont soif et faim de la langue, je les accueille, je les écoute et les regarde, je les nourris, je les écris. Les uns ont beaucoup à dire, d’autres sont laconiques, certains mettent du temps à se raconter, d’autres encore se disent en quelques phrases ; et il y a les muets qui restent dans l’ombre. Aucun ne se ressemble, chacun a son mot à dire à sa manière… quelques uns deviennent des récits pour les enfants, une poignée s’adresse aux jeunes, certains se réservent pour les adultes.
Je n’hésite pas à aborder des thèmes tels que les troubles mentaux (la maladie d’Alzheimer dans "Très vieux monsieur"), la question de la barbarie ("Le jardin de Jeanne"), la sexualité des garçons ("Jeu de mains"), l’enchantement de la lecture ("La toute pleine de grâce"). Les histoires, joyeuses, loufoques ou souffreteuses, ont bien compris que ma porte leur est grande ouverte ! Elles ont bien compris que j’aime la bonne humeur, la palabre, le plaisir du temps donné à l’autre et à l’humanité, le rendre service, l’hospitalité, la langue… alors, bien sûr, celles qui ont fait "la traversé de l’en bas" (Maurice Bellet), les clopinantes, les déjantées, les toutes pleines du désir de se sortir du calvaire savent qu’elles vont trouver audience tout autant que celles qui arrivent remplies de lumière.
Mes récits sont pour la plupart en français, certains en langue d’oc laquelle ne me tient pas à cœur (comme me disent certains), mais me tient le cœur, au sens propre : elle tient mon cœur entre ses mots et me donne d’être vivante au monde ; elle est, aux côtés du français, la fondatrice et la gardienne de ce que je suis. L’être humain naît deux fois, une fois en tant qu’être biologique, une fois en tant qu’être de langage. Je vins au monde par deux langues, les fées m’ont gâtée. Je vais à la rencontre des lecteurs dans les salons, les écoles, les bibliothèques… "La toute pleine de grâce", mon dernier roman raconte l’histoire de Felicidad qui, née dans un bidonville de Santiago du Chili, apprend à lire à treize ans, en France. Ce récit sur la lecture veut signifier que nous sommes fragiles, très fragiles, que nous existons par la langue et que si nous perdions celle-ci, nous nous perdrions en tant qu’espèce. Les bibliothèques, les écoles, les salons… sont des lieux sacrés, ils sont les hauts lieux de la langue et par elle de l’imaginaire, du rêve, de la permission du désir, de la singularité, des valeurs humanistes, de ce que, depuis Lascaux, mes devanciers m’ont transmis pas à pas, au prix parfois d’efforts intenses et pour certains, de leur vie. Alors oui, j’aime ces lieux de la République et les paroles qui s’y déploient autour des livres qui disent le monde, dans les rencontres sobres et ferventes qui s’y tiennent et auxquelles je tiens.
Bibliographie non exhaustive :
Quò’s pas per res/Pas pour rien, éd. Reclams, 2022 (poésie). Fille perdue, éd. La Manufacture de livres, 2021 (roman). Meurtres du fond des âges, éd. Lucien Souny, 2015 (policier). Une vie en jachère, éd. Lucien Souny, 2015 (roman). Nuèch blanca, éd. Chèvre feuille étoilée, 2014 (roman). La drolleta de la luna, éd. Letras d’òc, 2014 (roman). Voleuse, éd. Les Tilleuls du square / Gros Textes, 2014 (roman). Le cloître des simples, éd. Lucien Souny, 2013 (roman). Un repas de famille, éd. Lucien Souny, 2012 (roman). La toute pleine de grâce, éd. de l’Amourier, 2010 (roman). Très Vieux Monsieur, illustrations Eva Offredo, éd. du Rouergue, 2009 (album jeunesse). Jeu de mains, éd. du Rouergue, 2009 (roman jeunesse). L’almanachat, illustrations Montse Gisbert, éd. Alice jeunesse, 2008 (album jeunesse). De quelle couleur sera le bébé ?, illustrations Anne Crahay, éd. Alice jeunesse, 2008 (album jeunesse). Grand-mère Tout Doucement, éd. Alice jeunesse, 2007 (roman jeunesse). Comptines de la gourmandise, illustrations Agnès Gourmay, éd. de l’Hydre, 2006 (poésie jeunesse). La dame blanche : sept contes fantastiques du Périgord, illustrations Agnès Gourlay, éd. de l’Hydre, 2006 (conte jeunesse). L’almanavache, illustrations Montse Gisbert, éd. Alice jeunesse, 2006 (album jeunesse). Les trois rives du fleuve, éd. Alice, 2006 (roman jeunesse). L’enfant à la bouche de silence, éd. Alice jeunesse, 2006 (roman jeunesse). TOC, éd. Magnard, 2005 (jeunesse). Le jardin de Jeanne, éd. du Rouergue, 2005, éd. de la Loupe, 2006 (roman). Le radeau des poèmes, éd. de l’Hydre, 2005 (roman jeunesse). La princesse du jour et le prince de la nuit ou Comment sont nées les histoires ?, illustrations Lisbeth Renardy, éd. Alice jeunesse, 2004 (album jeunesse). Le jour des oies sauvages, éd. du Rouergue, 2004 (roman jeunesse), Prix octogones. Mondane de Fénelon, éd. de l’Hydre, 2003 (roman jeunesse). Enéa, la cathare, illustrations Michel Gertou, éd. de l’Hydre, 2003 (roman). Le prince qui voit juste : contes du Périgord, illustrations Karine Jacquinet, éd. de l’Hydre, 2003 (conte jeunesse). Grain-de-Riz : le petit garçon qui n’arrivait pas à grandir, illustrations Brigitte Desnault, éd. Alice jeunesse, 2003 (album jeunesse). Tout doudou caramel mou, illustrations Isabelle Faure, éd. Alice jeunesse, 2002 (album jeunesse). Le temps d’un retour, éd. du Rouergue, 2002, rééd. Libra diffusio, 2004 (roman). Calicobat : l’histoire du petit poisson qui voulait devenir aussi gros que le soleil, illustrations Brigitte Desnault, éd. Alice jeunesse, 2002 (album jeunesse). Un train pour toi toute seule / Un tren per tu tota sola, photographies Brigitte Desnault, bilingue français-occitan, éd. Jorn, 2002 (nouvelles). Danse la vigne, éd. du Rouergue, 2001 (roman). Le dernier de la lune, éd. du Rouergue, 2000 (roman). La nuit fut si lente à couler, éd. du Rouergue, 1999, éd. de la Loupe, 2007 (roman). D’enfança d’en facia / D’enfance d’en face, photographies Brigitte Desnault, bilingue français-occitan, éd. Jorn, 1998 (nouvelles). Il y avait une fois…, illustrations Claire Nadaud, éd. Magnard, 1997, 2001 (conte jeunesse). La légende oubliée, éd. Castor poche-Flammarion, 1996 (conte jeunesse). Les larmes de mon père, illustrations Philippe-Henri Turin, éd. Milan, 1995 (roman jeunesse).
Extrait :
L’enfant de la lune
(texte écrit grâce à une bourse de la Région Languedoc-Roussillon)
Ici le pays d’en Haut et ici la neige, rien que la neige, une mère poule de neige ; la polissonne est montée se nicher sur les toitures et la voici répandue sur les seuils des portes, épanouie contre les murs de bois, et même mieux, aplatie comme une crêpe dans la cour.
La neige à pleines comportes.
Une histoire dont personne ne pourrait raconter quand tout cela, tant de neige et de froid, advint au sommet de la terre, comment tout cela débuta, quelle en fut l’origine, et pourquoi.
Naturellement on peut songer à des lointains d’avant les ancêtres, en un temps où les hommes n’étaient pas encore de ce monde, en un temps où le Très Haut ou quelque raison d’importance mirent de l’ordre -comme, de même, d’avoir décidé de placer le soleil au pays d’en Bas- va t’en savoir.
Ici l’ailleurs ici la neige, la neige en belle vendange, la neige qui s’épanouit et prend ses aises, et court la vrille, l’effrontée, s’engouffre ici et là ; et se place ; tu n’es pas loin de l’entendre caqueter et glousser et ramener le monde sous ses deux ailes, comme dans les contes le monde rendu tout petit et avalé de telle manière que tu n’en vois plus rien ; tu crois que tu n’en verras jamais plus la moindre trace.
La neige, tu la guettes et elle de pousser sa tâche en avant, de faire l’intrigante et de se faufiler, d’aspirer le monde, et le monde de se blottir dans son duvet ébloui, la neige cette enchantée dont tu ne sais plus si elle descend à plein entonnoir depuis le versoir du ciel ou si elle croît et se répand comme un carré de vigne qui ne fut pas travaillé de trois ou cinq hivers.
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43.62258, 3.89211