BRONSARD MARIE

marie.bronsard [at] orange.fr
4 chemin vieux
34700 Soubès
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Poésie, théâtre
Littérature
Animations(s)
Rencontres
Lecture
Biographie :
Après quelques années de vagabondage, Marie Bronsard a planté ses racines et des arbres sur les contreforts du Larzac, où règne encore la lumière de sa Méditerranée, originelle et légendaire, afin de s’adonner à l’écriture. Se revendique, du reste, écrivain, sans exclusives ni définitions, par refus de l’enfermement. Aime les livres qui se lisent d’une traite, et se relisent à l’occasion, et s’emploie à en commettre, au grand dam de sa traductrice et de ses éditeurs. Travaille parfois pour le théâtre. Poursuit depuis une dizaine d’étés une improbable collaboration avec Sonia Alland, laquelle s’évertue à transposer en anglais américain, et caser, sa prose rétive. En résumé, fait ce qu’elle peut, comme elle le peut, avec un bonheur inégal, mais le fait.
Bibliographie non exhaustive :
Chronique des automnes enfuis, éd. Domens, 2016 (roman). Marginales, éd. Domens, 2009 (roman). Lueurs, suivis de Monodies, éd. Domens, 2006 (poésie). Mélancolies d’une amazone, éd. Domens, 2004 (roman). Une traversée slave du siècle, éd. Domens, 2002 (biographie). In memoriam Cassiopée, éd. Domens, 1996, 1999 (récit). La Légende, éd. Domens, 1999 (roman). Clichés, éd. Domens, 1998 (roman). Marine, éd. Domens, 1996 (roman). Heures, éd. Domens, 1995 (nouvelles). L’eau de l’âge, éd. Karédys, 1993 (roman). Monodies, éd. Karedys, 1992. L’Alliance, éd. Le temps qu’il fait, 1988 (roman). L’Ermitage, éd. Le temps qu’il fait, 1986 (roman).
Extrait :
Mille automnes
Du vivant de "es predi", que nous appelions indifféremment, en français, le "grand-père", bien qu’il s’agit du père de Maria et de mon propre arrière grand-père, nous étions logées chez lui. (...)
"Es predi" s’affairait vaguement, et pas trop tôt le matin, en bas, dans son bistro. Il servait des cafés, s’asseyait pour une partie de cartes, resservait des cafés, puis s’occupait des "cassallas" - apéritif anisé, fabriqué pas ses soins, de même que les digestives "hiebas", avec des plantes qu’il allait cueillir, à la fraîche, dans la montagne -, se rasseyait pour y goûter, devisait d’abondance. Quand ses "amis plus que clients" désertaient la place pour rentrer déjeuner, il donnait de la voix, à la cantonade. Il fallait se presser, il ne supportait aucun retard. Mais je le regardais avec émerveillement tirer d’une grande maie, dont le couvercle grinçait, le pain et les olives, avec la "soubressade", le flacon d’huile et quelques gousses d’ail. Il m’envoyait, de l’autre côté de la rue chargée d’une cruche en terre, chercher de l’eau glacée et les tomates mises à rafraîchir dans la fontaine.
Je ne sais à quoi tenait cet émerveillement : à la précision de ses gestes, qui se succédaient rituellement, sans que jamais, me semble-t-il, aucun n’ait dérogé aux puissantes odeurs, promesse de festin, s’échappant soudain de la maie ouverte? A la façon qu’il avait de boire à la régalade, le ventre embué de la cruche bien calé sur le coude, sans en perdre une goutte? Ou simplement à l’inattendu compérage qui nous liait au moment du repas pris ensemble, où pendant qu’on frottait d’ail le pain, y versait un filet d’huile, écrasait la tomate - le tut en usant des mains, comme pour un pique-nique - il me désignait les choses, les objets, en idiome locale, en mallorquin - dont j’ai appris beaucoup plus tard que c’était du catalan, à peine dialectal, parlé ailleurs que sur mon île paradisiaque, et, à ma grande surprise, par des étrangers, puisque dans ma tête d’enfant, tous les autochtones m’étaient plus ou moins apparentés - ainsi que des actions, qu’il s’amusait à me mimer. Il était malicieux, il riait de mes maladresses, se gaussait de mon détestable accent. (...)
Son bistro, c’était sa demeure, son domaine, son labeur, son gagne-pain, son passe-temps, le théâtre exclusif de son existence.